Assises Territoriales de la Transition Agro-écologique et de l’Alimentation Durable à Nantes

Les 12 et 13 septembre 2022, Nantes Métropole a accueilli les Assises Territoriales de la Transition Agro-écologique et de l’Alimentation Durable (1).

Les 800 participants inscrits et les 130 ateliers proposés pendant les 2 jours témoignent des actions nombreuses qui se sont montées sur le territoire national et de l’engouement de collectivités, d’acteurs associatifs et privés, et de citoyens pour une alimentation durable, locale et accessible à tous. Les interventions d’acteurs dans les ateliers ont aussi permis de présenter les nombreux projets mis en œuvre sur le territoire national. Ces 2 journées ont été d’une grande richesse ! Les organisateurs des Assises ont indiqué qu’un retour sera fait sur l’ensemble des ateliers prochainement : il sera le bienvenu, il est indispensable pour partager avec l’ensemble des participants et toutes les personnes intéressées par le sujet (c’est un bien commun).

Madame la maire de Nantes et Monsieur le préfet des Pays de la Loire ont mentionné tout l’intérêt des PAT – Projets Alimentaires Territoriaux, qui ont pour objectif de relocaliser l'agriculture et l'alimentation dans les territoires en soutenant l'installation d'agriculteurs, les circuits courts ou les produits locaux dans les cantines. Ils sont issus de la Loi d'avenir pour l'agriculture qui encourage leur développement depuis 2014 : ils sont actuellement au nombre de 30 dans la région (sur 370 au 1er avril 2022). Comme l’a rappelé M. le Préfet, ils ont été co-financés dans le cadre de France Relance.

Mais pas que ! En effet le programme France 2030 (il est dommage que les représentants de l’Etat ne l’aient pas mentionné), lancé par le Gouvernement en fin d’année 2021, avec l’Appel à Manifestation d’Intérêts “Démonstrateurs Territoriaux des transitions agricoles et alimentaires“ (2) et d’autres instruments (3), peut venir appuyer des projets sur cette thématique.

Madame J. Rolland – Présidente de Nantes Métropole, a rappelé ce qui est aujourd’hui une problématique majeure : la re-mobilisation du foncier agricole non-utilisé, indispensable à l’installation de nouveaux agriculteurs.

Le sujet de l’utilisation du foncier agricole et l’accession à celui-ci est un sujet prégnant. Il a aussi été abordé lors d’une série de 3 séminaires (4) organisés par l’IHEST (Institut des Hautes Etudes pour la Science et la Technologie) en septembre 2022, intitulé : “sols et ressources foncières – pour un usage durable“. Parmi les sujets abordés, il y avait : (i) les sols, leurs fonctions, leur valeur, leur consommation et  leurs usages à la lumière de travaux de recherche en cours, (ii) la culture de l’aménagement foncier et son évolution face à l’impératif de transition écologique, à  la nouvelle législation et aux aspirations des populations, (iii) les leviers  et les freins liés à l’émergence d’une sobriété foncière et identifiés par les élus et acteurs locaux, (iv) le fonctionnement de l’écosystème d’acteurs et la gouvernance pour porter les projets locaux d’aménagement, en se basant en particulier sur les premiers retours d’expériences de la démarche des Territoires Pilotes de Sobriété Foncière lancée par les ministères de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, (v) les capacités de mise en œuvre, les compétences et les ressources disponibles sur les territoires pour explorer des solutions innovantes de gestion du foncier.

Lors du 2ème séminaire, le thème « terres agricoles, artificialisation et sécurité alimentaire » a été abordé. Les intervenants ont défini dans un premier temps le terme « artificialisation » et de montrer l’hétérogénéité des sols artificialisés. De plus, des études ont mis en évidence que les pertes de terres agricoles étaient imputables à 60% à l’artificialisation des terres et 40% à la déprise agricole (enfrichement).

Des actions se mettent en place pour permettre à de nouveaux acteurs d’accéder au foncier. Citons Terre de liens (5), créé en 2003, qui comprend un réseau associatif, une Fondation et une Foncière, qui est une entreprise d’investissement solidaire dont le capital sert à acheter des fermes pour y installer des fermiers. Cela représente 400 agriculteurs accompagnés, 7000 hectares achetés et 120 millions d’euros investis (4).

Lors d’un atelier, l’expérience de Saint Nazaire Agglomération, associée à la Chambre d’agriculture de Loire Atlantique, a été rapportée : sur le territoire de la CARENE qui regroupe 10 communes il a été créé une SCIC qui acquiert des fermes qui sont louées à des exploitants.

J’ai ici rapporté 2 exemples de structures mises en place pour permettre l’accès au foncier, mais il y en a d’autres : ce sujet d’importance fait heureusement l’objet de nombreuses initiatives de collectivités, de citoyens, d’agriculteurs originales et intéressantes.

L’accès au foncier est l’un des sujets abordés lors des Assises, mais pas le seul : l’alimentation durable et inclusive, la distribution des produits, la lutte contre le gaspillage ont fait l’objet de nombreux ateliers.  

La production est un maillon indispensable dans ces filières locales. Toutefois, la distribution des produits est un autre maillon important qui peut mobiliser différents canaux. La mise en place de plateformes d’achat et d’outils de gestion numérique pour les circuits courts est une voie qui se développe au travers de nombreuses expérimentations dont certaines ont été présentées en ateliers. CoopCircuit, SCIC créée en 2020, utilise le logiciel ouvert OpenFoodNetwork pour développer sa plateforme de mise en relation des producteurs et des consommateurs. Les initiatives sont nombreuses et variées. Pour trouver la plateforme de commercialisation la plus adaptée à son cas, le Réseau Mixte Technologique (RMT)  « Alimentation locale » (6) a développé un outil « d’aide à la décision » qui fournit aux producteurs agricoles une grille de lecture pour trouver une plateforme de commercialisation en ligne de leurs produits alimentaires en circuit court.

La diminution du gaspillage alimentaire est aussi souvent intégrée dans les PAT : parmi les actions menées, le point de départ est la réalisation d’un diagnostic dans les cantines, qui est souvent suivi d’actions d’information, de sensibilisation et de formation des élèves et des personnels, ainsi que des citoyens en général. Il est anormal dans nos sociétés de gaspiller de 25 à 30% des produits alimentaires : cela représente 8000 tonnes par an à Nantes Métropole !

La construction d’un projet alimentaire de territoire suppose de traiter dans son ensemble le sujet, d’avoir une approche systémique qui intègre les éléments mentionnés ci-dessus, ainsi que la valorisation des déchets alimentaires et de transformation des matières premières agricoles. Ce dernier point n’a jamais mentionné dans les ateliers auxquels j’ai participé. L’économie circulaire est une des voies pour parvenir à concilier développement économique et urgence environnementale, et l'approche par le territoire un des moyens de permettre ce changement de paradigme nécessaire à la durabilité de nos sociétés. 

Le CESER de Bretagne (7) a réalisé une prospective intitulée « l’alimentation en Bretagne à l’horizon 2050 : quels enjeux de société ». L’entrée a été le consommateur, ses comportements, … pour établir 4 scénarios sur l’évolution des pratiques alimentaires à l’horizon 2050, en comprendre les conséquences et identifier les leviers d’action.

Les intervenants ont souvent insisté sur le fait que conduire une stratégie alimentaire en milieu urbain-rural nécessitait de travailler au niveau du bassin de vie, et pas seulement au niveau d’une inter-communalité.

Les organisateurs ont conclu les assises par la signature de la Déclaration de Nantes (voir ci-dessous).

 

Déclaration de Nantes

La Déclaration de Nantes (8) décrit les valeurs partagées des signataires, qui en date du 13 septembre 2022, sont Nantes Métropole, Montpellier Métropole et l’association Terres en Villes.

Ceux-ci s’engagent à se doter d’une politique territoriale agroécologique et alimentaire, et à mettre en œuvre les plans d’actions qui en découlent; en considérant les Projets Alimentaires Territoriaux comme principaux outils d’application des politiques agroécologiques et alimentaires. Le suivi, l’évaluation et l’actualisation de ce socle de principes est assuré, notamment entre les différentes éditions des Assises, par un Comité de pilotage, lui-même appuyé d’un Conseil technique et scientifique.

Dans le document, il est demandé d’agir dans quatre domaines :

- La priorité à la lutte contre la précarité alimentaire des citoyens les plus fragiles,

- La priorité à la lutte contre la précarité économique des producteurs,

- La protection et la reconquête du foncier agricole comme premier pilier de la souveraineté et de la résilience alimentaires de nos territoires,

- L’affirmation de l’alimentation comme un service public et un bien commun, notamment dans le cadre de la restauration scolaire.

 

 

Liens des sites des structures mentionnées :

1- https://assises-agroecologie-alimentation.fr/

2- https://www.banquedesterritoires.fr/ami-demonstrateurs-territoriaux-des-transitions-agricoles-et-alimentaires

3- https://www.gouvernement.fr/les-dispositifs-du-pia-et-de-france-2030

4- https://www.ihest.fr/nos-programmes/seminaires-et-interventions/seminaire-sols-et-ressources-foncieres/

5- https://terredeliens.org/

6- https://www.oad-venteenligne.org/?PagePrincipale

7- https://ceser.bretagne.bzh/

8- https://metropole.nantes.fr/files/pdf/actualites/environnement/assises%20agroecologie/Assises-territoriales-Agroecologie-De%CC%81claration-de-Nantes-2022.pdf